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Le pin's porté au pinacle puis ringardisé
se cherche une seconde vie (MAGAZINE)
Par Dominique AUBIN
=(PHOTO)=
LOUVIERS (Eure), 4 oct 2007 (AFP) - Véritable
phénomène de société au début des années 90,
démodé et ringardisé depuis, le pin's tiendra
salon dimanche à Louviers (Eure) où des
passionnés entretiennent la flamme dans l'espoir
d'insuffler une seconde vie au petit objet.
"Le salon international du pin's de Louviers
est le plus important rendez-vous des
collectionneurs en France et probablement en
Europe", assure le journaliste Jean-Paul Adam,
son fondateur. Une soixantaine d'exposants qui
présenteront pas moins d'un million de pièces
sont attendus pour cette édition où seront
célébrés les vingt ans du pin's en France.
Lointain descendant de l'insigne militaire
fixée à la boutonnière par une tige filetée
bloquée par un écrou, le pin's inventé en
Californie au début des années 1980 a fait son
apparition dans l'hexagone en 1987.
Cette année-là, le responsable marketing du
tournoi de tennis de Roland Garros cherchait un
petit cadeau à offrir aux entreprises
partenaires. Une chaîne de télévision américaine
venait de lui donner un "pin's" qu'il trouvait
joli. A défaut d'autres idées et malgré le
scepticisme de son entourage qui avait tenté de
le dissuader, il décide de faire fabriquer un
objet semblable illustrant sa compétition.
Le succès dépassera les espérances les plus
folles: les spectateurs et les joueurs
s'arrachent le petit objet qui fleurit sur
toutes les boutonnières, tel un signe de
reconnaissance. Cette "pin's mania" ne se
limitera pas à l'enceinte de Roland Garros et se
répandra rapidement dans toutes les sphères de
la société.
En quelques mois, le petit objet devient un
support privilégié de communication des
entreprises et des institutions. "A l'époque,
tout le monde éditait des pin's, tout le monde
en voulait", se souvient Jean-Paul Adam.
Presque en même temps, le pin's devient un
objet de collection capable d'emblée de
rivaliser avec des valeurs sûres, à l'ancienneté
bien établie, comme le timbre poste ou la pièce
de monnaie. "En devenant un objet culte, le
pin's a tourné le dos à sa vocation initiale et
déserté les vestes pour se cacher dans les
boîtes, les albums et les placards", analyse
Jean-Paul Adam.
Le phénomène alimenté par de multiples salons
ou bourses d'échange, trois revues spécialisées
et même un argus connaîtra son apogée en 1992
avec les Jeux olympiques d'hiver d'Albertville.
Puis, brutalement, l'intérêt retombe, les
rangs des passionnés se raréfient et le pin's
plonge dans l'anonymat. "L'immense majorité des
millions de pin's mis en circulation n'a plus de
valeur et il faut aujourd'hui diviser par cinq
ou six les cotes des plus prestigieuses pièces
établies au début des années 90", assure M.
Adam.
Aujourd'hui, ce journaliste qui a fondé ce
salon en 2003 veut croire en un renouveau. "Des
jeunes nous rejoignent et des collectionneurs
qui avaient abandonné reviennent en se
spécialisant sur un thème comme une marque
d'automobile, une grande entreprise, un animal,
un sport...", assure-t-il. Mais il reconnaît que
le pin's reste un objet "marginal" dans le monde
de la collection même s'il n'est plus "sous
respiration artificielle".
dau/jri/dv